Perturbateurs endocriniens : comment leur échapper au quotidien ?

Les perturbateurs endocriniens sont des substances nocives qui peuvent être présentes dans certains produits alimentaires, les cosmétiques, les contenants en plastique, les produits ménagers… Mais comment limiter notre exposition à ces molécules ? Explications.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit d’« une substance (…) possédant des propriétés susceptibles d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme intact, chez ses descendants ou au sein de (sous)-populations ».

Notre système endocrinien se définit comme l’ensemble des organes (glandes endocrines) qui sécrètent des hormones. Les perturbateurs endocriniens (certains additifs, pesticides, etc.) modifient cet équilibre hormonal et entrainent des modifications physiologiques. Ils ont ainsi un impact négatif sur la santé.

Liste des perturbateurs endocriniens :

apprendre à les repérer pour mieux les éviter

Ces molécules sont présentes dans la plupart de nos produits quotidiens.

Les perturbateurs endocriniens dans l’alimentation

La majeure partie des perturbateurs endocriniens se trouve dans les aliments ou les boissons que nous consommons. En cause, l’agriculture intensive et la banalisation de l’utilisation de la chimie de synthèse (pesticides, herbicides, fertilisants artificiels, etc.), néfaste pour l’organisme.

Voici quelques réflexes à adopter pour limiter l’exposition à ces substances :

  • Cuisiner pour éviter les produits transformés qui contiennent systématiquement des additifs alimentaires contenant des perturbateurs endocriniens.
  • Manger bio : qu’il s’agisse d’aliments d’origine végétale ou animale, il est préférable de se référer aux labels, et notamment au label « Agriculture biologique ».
  • Bien laver les fruits et légumes : certains sont plus exposés aux pesticides que d’autres, comme par exemple les pommes de terre, la salade, ou encore les fruits rouges et les pommes.
  • Acheter des produits locaux en circuit court, supposés contenir moins d’agents de conservation que les aliments transportés sur de longues distances.
  • Préférer des viandes maigres ou retirer le gras : de nombreux perturbateurs endocriniens peuvent s’accumuler dans les parties grasses.

Bon à savoir

Gare aux emballages plastiques

Certains plastiques peuvent contenir du bisphénol A ou des phtalates, qui sont des perturbateurs endocriniens. Lorsque ce type d’emballage est chauffé, certaines molécules migrent dans le contenu. Évitez autant que possible les conditionnements en plastique et surtout préférez le verre quand vous devez réchauffer les petits plats.

Les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques

Les produits cosmétiques conventionnels contiennent des perturbateurs endocriniens tels que les fameux parabens : bisphénol A (PBA), butylparaben, propylparaben, sodium butylparaben, sodium propylparaben, potassium butylparaben, potassium propylparaben… Mais aussi le BHA, le benzophénone, les phtalates, le triphenyl phosphate, le cyclopentasiloxane ou le triclosan.

Zoom sur les étiquettes

Chaque emballage liste les ingrédients qui composent un produit cosmétique selon la nomenclature INCI, qui ne varie pas d’un pays de l’Union européenne à l’autre. Sachez que les noms en anglais désignent des substances chimiques, les noms en latin les produits naturels. Les anglo-Saxons ont surnommé les perturbateurs endocriniens les “Dirty Dozen”, soit les “douze salopards”…

Les réflexes à adopter pour des soins sans perturbateurs endocriniens :

  • Choisir des produits certifiés bio : les labels Eco et Bio de Cosmebio ou le label Cosmétique biologique Ecocert reposent sur un cahier des charges strict, qui garantit l’absence de substances toxiques.
  • Concocter ses produits faits maison à base de matières première bio. Par exemple ? Mixez avocat, concombre, jus de citron et huile d’argan, vous obtiendrez un masque anti-rides 100% naturel.
  • Découvrir les bienfaits des huiles essentielles : elles contiennent de très nombreux actifs aux multiples vertus mais sans d’additifs ou autres conservateurs. Des essences précieuses, puissantes, naturelles et pures, aux effets ciblés en fonction de chaque plante.
  • Inviter les huiles végétales dans vos rituels de soins : huile végétale de jojoba, macadamia ou noisette pour les peaux grasses, de rose musquée pour favoriser l’élasticité de la peau, huile d’argan pour lutter contre le vieillissement cutané, duo de bourrache et d’onagre pour hydrater et assouplir l’épiderme… pour leurs bienfaits, au naturel !

Les perturbateurs endocriniens dans les produits ménagers

La grande majorité des produits ménagers sont chargés de substances chimiques, néfastes pour l’organisme mais ce ne sont pas les seuls composants qui peuvent polluer votre intérieur : méfiez-vous également des désodorisants, encens ou bougies parfumées, tout comme les peintures et autres solvants.

Les réflexes à connaître pour une maison naturellement saine :

  • Gardez un œil sur les labels : à l’image des cosmétiques, il existe des produits d’entretien éco-labellisés et bio.
  • Pensez aux solutions naturelles, véritables alternatives aux produits ménagers industriels : savon de Marseille, vinaigre blanc, jus de citron, bicarbonate de soude et eau chaude constituent des ingrédients formidables pour nettoyer.
  • Aérez régulièrement chaque pièce afin de renouveler l’air et de l’expurger de ces substances nocives.

Le saviez-vous ?

Les textiles en question

Certaines substances, comme le pentachlorophénol (PCP) ne sont pas autorisées dans l’Union européenne. Il s’agit d’un solide utilisé en solution dans des solvants organiques. Son emploi est interdit depuis 1994 mais des dérogations autorisent certaines utilisations. Il est ainsi utilisé pour la préservation du bois, dans l’imprégnation des fibres et tissus à usage non vestimentaire et le traitement des bâtiments historiques. On retrouve tout de même du PCP sur certains textiles, en provenance de pays extérieurs à l’UE. Sachez qu’il existe des garde-fous, comme le label Confiance textile 100 (ou OEKO TEX Standard 100), et des moyens de limiter votre exposition, notamment en lavant vos vêtements neufs avant de les porter.

Finalement ce sont moins les conséquences de ces substances prises individuellement qui sont à craindre, que l’impact des combinaisons de ces molécules. C’est le danger du fameux effet cocktail.

Enfants et femmes enceintes,

public cible des perturbateurs endocriniens

Selon une récente étude réalisée par 60 millions de consommateurs1 et publiée le jeudi 20 avril 2017, des traces de dizaines de perturbateurs endocriniens ont été retrouvées dans les cheveux d’enfants âgés de 10 à 15 ans : 34 molécules en moyenne !

Couches, biberons et jouets en plastique, alimentation, crèmes… ils sont exposés en permanence à ces perturbateurs endocriniens. Il s’agit pourtant de substances toxiques, présentant un risque pour le développement et la fertilité, et donc particulièrement nocives pour les plus jeunes.

Idem pour les femmes enceintes : en décembre 2016, l’agence nationale de santé publique a mis en évidence la présence de traces de perturbateurs endocriniens chez quasiment toutes les femmes enceintes (sur un panel de plus de 4 000 personnes). Selon cette étude, les perturbateurs endocriniens (même à faibles doses) seraient à l’origine de  naissances prématurées, de malformations congénitales ou encore d’anomalies dans le développement et la santé future de l’enfant.

Pour limiter votre exposition à ces substances, une stratégie zéro déchet reste de mise. La meilleure façon de limiter votre exposition et de vous protéger de l’action des perturbateurs endocriniens reste de les attaquer sur tous les fronts : c’est une question de bien-être.

Sources :

1 http://www.60millions-mag.com/2017/04/20/cocktail-de-produits-toxiques-dans-les-cheveux-de-nos-enfants-11105

Publié le 15/06/2017 par Michel de Sarrieu, Docteur en pharmacie, modifié le 30/03/2021

Commentaires (1)
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Article très intéressant, à lire impérativement par tous, car nous sommes tous concernés. Je me permets d'émettre un souhait, j'aimerais encore plus d'informations pour toutes les femmes atteintes d'un cancer du sein hormono-dépendant, notamment en ce qui concerne les soins. A l'heure actuelle, il n'existe pas ou trop peu d'organismes en cosmétologie qui prennent en compte les pathologies lourdes comme celles énumérées ci-dessus, en sachant que toutes ces femmes auraient besoin de plus d'attentions, car suite aux traitements qu'elles subissent, leur peau est fragilisée, et elles auraient besoin de soins adaptés. Je vous remercie de votre attention, et à toutes celles qui me liront peut-être, bon courage !

FUCHS RITTIMANN
posté le 21 février 2018