Belle au naturel

La liste INCI, un outil d’information pour décoder la composition d’un produit cosmétique

Les initiales INCI signifient International Nomenclature of Cosmetics Ingredients. Il s’agit de la liste des ingrédients dont la mention est obligatoirement inscrite sur les emballages des produits cosmétiques. Sa lecture est plutôt complexe. Voici toutes les informations dont vous avez besoin pour la lire et la comprendre.

Qu’est-ce que la liste INCI ?

La liste INCI présente la nomenclature internationale des ingrédients mis en oeuvre dans les produits telle qu’elle doit figurer sur les étiquetages (emballages) de tous les produits cosmétiques.

Elle a été créée par la réglementation européenne (1) qui interdit ou limite l’usage d’un certain nombre de substances considérées comme nocives (cancérigènes, mutagènes ou toxiques).

Les ingrédients sont cités par leur dénomination latine ou anglaise et par ordre décroissant du plus dosé au moins dosé.

Les 4 premiers ingrédients de la liste INCI sont ceux qui constituent habituellement la majorité du produit. Ils donnent de précieuses informations sur les actifs principaux et la consistance du cosmétique (liquide ou solide). Les ingrédients suivants concernent les actifs secondaires.

Le saviez-vous ?

Les ingrédients « naturels » (c’est-à-dire issus de végétaux peu transformés) sont indiqués en latin et en anglais : nom latin de la plante + dénomination en anglais du type de substance. Exemples :

–   Rosmarinus Officinalis Extract = extrait de romarin ;
–   Lavandula Hybrida Oil = huile essentielle de lavandin ;
–   Butyrospermum parkii butter = beurre de karité.

Les noms des molécules et les noms usuels sont donnés en anglais. Exemples :
Water = eau ;
–   Honey = miel ;
–   Collagen = collagène.

Repérer les ingrédients indésirables répertoriés par la liste INCI et leurs éventuels substituts en cosmétiques bio

Les principaux risques associés aux cosmétiques sont cutanés : irritation plus ou moins forte, allergie, photosensibilisation. Cependant, la multiplication des ingrédients chimiques dans de nombreux produits appliqués quotidiennement favorise « l’effet cocktail » et leur accumulation persistante dans notre corps (urines, sang, cordon ombilical, lait maternel…).

Les ingrédients ci-dessous sont à proscrire. Dans la cosmétique BIO, ils sont soient interdits soit remplacés par des ingrédients d’origine naturelle.

Les huiles et cires minérales

Elles sont utilisées comme agents de texture pour donner un aspect plus velouté aux produits de soins. Fabriquées à partir de pétrole, elles forment un film occlusif sur la peau l’empêchant de respirer et n’apportent aucun élément nutritif. Elles peuvent provoquer des réactions allergiques, la sécheresse de la peau et l’obstruction des pores. De surcroit, leur bilan écologique est désastreux.

Sur l’emballage

Paraffin, Synthetic et/ou terminaison en -ane comme « Butane », « Squalane ».

En cosmétique bio : Elles sont remplacées par des huiles végétales.

Sur l’emballage

Exemples :  « Argania spinosa kernel oil » pour « huile d’argan » ou comme « Butyrospermum parkii butter » pour « Beurre de karité ».

Les silicones

Fréquemment utilisées dans les shampoings et les gels douche, elles sont semi-occlusives pour la peau et résistantes au rinçage. Elles sont entièrement synthétiques. Lorsqu’elles sont mal rincées, elles peuvent s’accumuler sur les cheveux et sur la peau. Non biodégradables, elles mettent des centaines d’années à se désintégrer dans la nature.

Sur l’emballage

Terminaison en -cone ou en -siloxane.

Exemples : « Dimethicone« , « Cyclométhicone« 

En cosmétique bio : Elles sont remplacées par des huiles végétales.

Les émulsifiants et tensioactifs (détergents)

Ils sont formulés à base de dérivés pétrochimiques. Ils sont destinés à faire « mousser le produit ». Or, la mousse ne nettoie pas, elle irrite la peau ou le cuir chevelu. Certains tensioactifs dits SLS (Sodium Lauryl Sulfate) ou SLES (Sodium Laureth Saulfate) sont même réputés particulièrement irritants, agressifs et desséchants pour la peau.

Sur l’emballage

Exemples :  « Sodium Lauryl Sulfate« , « Cocamidobétaïnel« .

En cosmétique bio : Ils sont remplacés par des dérivés de sucres (alkylpolyglycoside…), de cires végétales (sulfate…) ou animales.

Sur l’emballage

Exemples : « Coco glucoside » ou « Sodium lauroyl glutamate« .

L’alcool (solvants)

On le trouve dans les crèmes hydratantes, shampoings, déodorants, lotions… qu’ils soient bio ou conventionnels. Il joue un rôle important dans la conservation. Il existe plusieurs types d’alcool. Certains (Alcohol Denat, Benzyl alcohol) sont de forme liquide et sont plutôt asséchants ; c’est la forme la plus utilisée dans la cosmétiques conventionnelle. D’autres sont gras (Cetyl alcohol, Stearyl alcohol…) ; ce sont de bons agents émollients qui permettent de stabiliser et d’émulsionner les cosmétiques.

Sur l’emballage

Exemples : « Alcohol Denat » ou « Isopropryl alcohol« .

En cosmétique bio : Seuls les alcools gras dérivés d’huiles végétales sont utilisés et le Benzyl alcohol est autorisé.

Sur l’emballage

Exemples : « Cetyl alcohol » ou « Lauryl alcohol« .

Les sels d’aluminium

Certains sont principalement utilisés comme agents anti-transpirants dans les déodorants et sont connus pour être légèrement irritants.

Les études contradictoires sur la dangerosité des sels d’aluminium dans les déodorants ne cessent de se succéder. Si aucune conclusion définitive n’a été apportée pour l’instant, les autorités sanitaires françaises recommandent de limiter l’aluminium.

Les conservateurs

Ils sont indispensables pour la bonne conservation des produits cosmétiques bio et conventionnels qui contiennent beaucoup d’eau, et donc un risque bactériologique. Pourtant, les conservateurs synthétiques sont suspectés d’être allergènes, cancérigènes voire mutagènes.

Ils sont remplacés dans la cosmétique BIO par de l’alcool issu de la fermentation du blé associé à des huiles essentielles, des extraits de pépins de pamplemousse.

  • Les parabens

On se questionne, depuis les années 90, sur leurs effets toxiques notamment comme perturbateurs endocriniens. En 2014, la Commission Européenne a prohibé l’utilisation des parabens dans certains cosmétiques. Cela laisse supposer qu’ils peuvent être « métabolisés » alors que les cosmétiques ne sont pas censés pénétrer la peau.

Sur l’emballage

Terminaison en -paraben comme « Butylparaben » ou en -benzoate comme « P-hydroxybenzoate« .

En cosmétique bio : Ils sont interdits par la charte COSMEBIO.

  • Les matières 1reséthoxylées

Composées à base de pétrole, elles sont utilisées comme émulsifiants, comme base de gels, substances liantes, émollients mais aussi parfois comme conservateurs. Ces composants peuvent rendre la peau perméable et laisser passer les substances nocives. Le phénoxyéthanol suspecté d’être un perturbateur endocrinien, aurait de surcroit un fort pouvoir allergène. Ces matières ne se dégradent pas bien et persistent dans l’environnement après avoir été évacuées dans les canalisations.

Sur l’emballage

Systématiquement le mot PEG comme « PEG-20« , PPG comme « PPG-12 » et phenoxyéthanol.

En cosmétique bio : Elles sont interdites par la charte COSMEBIO.

  • Les composés organo-halogénés

Ils sont composés de molécules qui portent du chlore, du brome ou de l’iode. Ils ont tous un important potentiel allergique. Ils peuvent en se décomposant se fixer et provoquer des dommages en pénétrant dans les tissus.

Sur l’emballage
Mots composés avec « brom« , « chlor » et « iod« .

  • Les aldéhydes et les libérateurs de formaldéhyde

Ce sont des conservateurs chimiques conventionnels qui peuvent potentiellement libérer du formaldéhyde dans la formule des cosmétiques. Le formaldéhyde est dangereux par inhalation (selon CIRC), allergisant et irritant (pour les yeux qu’il peut brûler et les bronches en cas d’inhalation).
Les formaldéhydes sont maintenant remplacés en partie par les parabens, également nocifs pour la santé. On ne les retrouve plus que dans les vernis à ongles.
Ils ne sont pas biodégradables.

Sur l’emballage :

Exemple : « Quaternium-15« .

  • L’EDTA

L’EDTA est un agent chélateur puissant qui forme des complexes métalliques très stables. Il peut fixer très fortement d’autres éléments et notamment les métaux lourds (plomb, mercure ou cadmium), et donc en favoriser la pénétration dans l’organisme. Il contribue à la stabilité de certains cosmétiques. Il irrite fortement les yeux et s’avère très persistant. Il est de plus en plus décrié car difficilement biodégradable.

Sur l’emballage

« EDTA« .

En cosmétique bio : Il est interdit par la charte COSMEBIO. Il est remplacé par des gommes ou des vitamines naturelles.

  • BHT (hydroxytoluène butylé) et BHA (hydroxyanisole butylé)

Ils sont employés comme antioxydants dans les matières premières huileuses pour les empêcher de rancir. On les retrouve donc dans les rouges à lèvres et les lotions ou produits hydratants, ainsi que dans de nombreux autres cosmétiques.
Des tests ont montré qu’une exposition à long terme à des fortes doses de BHT est toxique et peut causer des problèmes au foie, à la glande thyroïde et aux reins, et nuire au fonctionnement des poumons ainsi qu’à la coagulation du sang. (2)

Sur l’emballage

« Butyl hydroxyanisole« 

En cosmétique bio : Ils sont interdits par la charte COSMEBIO. Ils peuvent être remplacés très facilement par l’antioxydant naturel Tocophérol (vitamine E).

Sur l’emballage
« Tocophérol« .

Les nanoparticules

Elles permettent de rendre les textures plus fines et plus légères. Cependant, à cause de leur taille infime, on ne sait pas jusqu’où elles ont capables de pénétrer dans l’organisme. On a encore très peu de recul sur leur éventuelle toxicité pour l’organisme.

Afin de mieux évaluer leur sécurité, les produits cosmétiques contenant des nanomatériaux font l’objet d’une notification spécifique à la Commission européenne. Leurs mentions sont devenues obligatoire sur les packagings des produits depuis le 11 juillet 2013.

En cosmétique bio : Elles sont exclues de la charte COSMEBIO.

Les OGM (Organismes génétiquement modifiés)

Aucune plante certifiée Bio ne peut être issue d’un organisme génétiquement modifié.

En cosmétique bio : Les OGM sont exclus de la charte COSMEBIO par principe de précaution.

La liste INCI est une réponse au droit fondamental du consommateur de savoir ce que renferment les produits cosmétiques. Elle permet également de repérer la présence de molécules (par exemple, linalool, limonène, eugénol…) connues pour avoir un pouvoir allergisant chez certaines personnes. Ces molécules sont naturellement présentes, même en très petites quantités, dans des extraits de plantes, des huiles essentielles ou des parfums même Bio.

Sources :

(1) Règlement européen relatif aux produits cosmétiques n°1223/2009, juillet 2013

(2) PNUE et OCDE, 2,6-di-tert-butyl-p-cresol (BHT) Screening Information Data Set: Initial Assessment Report (Paris : PNUE, 2002), http://www.inchem.org/documents/sids/sids/128370.pdf

Publié le 14/12/2016 par Michel de Sarrieu, Docteur en pharmacie, modifié le 20/10/2022

Commentaires (2)
Laisser un commentaire

*Champ obligatoire

Vos commentaires en lien avec le thème abordé seront publiés sous réserve de modérateurs.

Bonjour, je vous remercie simplement de ce post qui m'ai été très bénéfique, je trouve le sujet trèès important voir même essentiel ! merci de ces connaissances partagées!

Sandra Valette
posté le 02 août 2018

Super.Merci pour ces bons conseils

JEAN
posté le 09 août 2019